Le #VendrediFauve c'est bon pour ma santé et ma créativité

Vous avez peut-être croisé le hashtag #VendrediFauve sur mes réseaux sociaux ou dans ma signature mail. Car oui, une fois par semaine, mon avatar forestier et moi-même retournons à la vie sauvage : pas d’écrans, pas de notifications. Et le plus fou, c’est que ma créativité et ma productivité ne se sont jamais si bien portées.

J'en parlais récemment dans un billet consacré aux « cinq heures » que l'IA est censée nous faire « gagner ». Contrairement à la petite musique qu'on entend en boucle sur LinkedIn et ailleurs, nos outils numériques ne nous ont jamais fait « gagner du temps ». Ils rendent seulement nos tâches plus denses et plus fragmentées, hachent notre attention et alourdissent notre charge cognitive. Curieusement, c'est un point qu'on aborde rarement dans les formations IA... Mais depuis qu'on m'a demandé de former un groupe de médecins généralistes, j'ai décidé de l'intégrer systématiquement aux miennes.

Car la conséquence de cette charge cognitive, je l'ai vécue puis commentée il y a presque un an, c'est la surcharge attentionnelle. Personne ne la sent venir, tant elle est insidieuse, mais elle ne vous lâche pas. Vous êtes épuisé·e psychiquement, moins disponible pour vous-même et pour les autres, émotionnellement déconnecté·e... Jusqu'au jour où votre cerveau fait des bugs pour de bon.

Alors j'ai décidé que ma santé et mon bien-être valaient mieux que ça. C'est pourquoi, le vendredi, je redeviens fauve. Je me reconnecte aux autres et à moi-même… en me déconnectant des écrans. Je ne regarde pas les notifications, je laisse Firefox et Thunderbird de côté et je ne cours plus derrière les fausses urgences. Je me rappelle que c'est juste un job et qu'il n'y a pas de vies en jeu.

Ça ne signifie pas « ne plus travailler », hein. C'est juste travailler autrement.

Je me suis fixé des règles simples et j'en ai informé mes contacts : ce jour-là, pas de mails, pas de Signal (je n'utilise pas WhatsApp), pas de Slack, pas de Teams. Rien. Seulement le silence, les chants d'oiseaux ou la divine trompette de Miles et le crissement de mon crayon sur le papier.

En cas de véritable urgence vitale, les personnes concernées sauront toujours me joindre. Sinon, c'est que ça peut attendre jusqu'au lendemain (ou mieux, jusqu'au lundi).

Et vous ne savez pas le plus dingue ? C'est dehors, loin des écrans, que me viennent les meilleures idées ! Car notre cerveau a besoin de temps mort pour faire des connexions inattendues. Un temps précieux que l'IA, nos smartphones et nos réseaux prétendument sociaux sont bien décidés à dévorer.

Donc, moi, une fois par semaine, je disparais des radars et je me consacre à mon #VendrediFauve.

Tu viens ?